LETTERTRAP: LIBRAIRIE, MAIS AUSSI NETTOYAGE A SEC ET BOULANGERIE

“Il faut savoir prendre des risques, et si ça ne va pas, passer a autre chose"

Le jeune entrepreneur Joël Verbeeck (33 ans) est à la tête de Lettertrap. Avec l'ouverture de son dernier magasin à Bornem l'année dernière, il gère à présent trois magasins. Il défend l'utilisation d'un terme alternatif pour 'librairie'. "C'est un titre qui appartient au passé selon moi. Les librairies qui tournent bien se diversifient constamment et s'écartent même de leur activité d'origine. Sans cela, impossible de s'en sortir à l'heure actuelle."

"Je travaille presque tout le temps a la maison, pour la gestion de la caisse centrale ou les commandes, sans oublier la communication avec les fournisseurs"

COMMENT TOUT A COMMENCE

De l'étudiant au chef d'entreprise

L'entrepreneuriat et l'ambition coulent dans les veines de Joël Verbeeck depuis toujours. Quand Joël a commencé à travailler comme étudiant à quinze ans dans la librairie de son oncle, il était déjà très en avance sur les jeunes de son âge en termes de maturité. Après plusieurs années de bons et loyaux services, il a décidé qu'il était temps pour lui de prendre les commandes et a repris une librairie à Wezemaal. "Devenir chef d'entreprise à dix-neuf ans, c'est assez unique", se souvient-il. Désormais, la librairie 'T Hoekske à Wezemaal sera dirigée par le très jeune Joël, qui couve déjà en secret plusieurs projets d'expansion. Quelques années plus tard, il a déménagé son commerce dans le bâtiment voisin. Comme 'T Hoekske, qui signifie 'le petit coin' se trouvait au coin de la rue, il lui fallait un nouveau nom. Et c'est ainsi que Lettertrap à Wezemaal a vu le jour.

Une première expansion

S'en suivirent dix bonnes années de travail acharné, d'essais et de culs-de-sac. "Entre-temps, j'approchais de la trentaine, et je me suis dit que c'était maintenant ou jamais. Je devais ouvrir un deuxième Lettertrap." Joël savait que c'était une étape importante qui représentait un certain risque. Il s'est alors retrouvé à Sint-Joris-Winge, tout à fait par hasard, où il a loué un immeuble occupé par une librairie qui avait dû fermer boutique. "J'étais bien informé et je savais que ce bâtiment et son emplacement offraient un potentiel très intéressant. C'est ce qui m'a décidé à franchir ce cap."

"J'ai commence a vendre des patisseries a Wezemaal, et mon chiffre d'affaires a considerablement augmente en consequence. Il faut oser prendre des risques. Et si ça ne fonctionne pas, il suffit de passer a autre chose"

L'école de la vie

L'ouverture d'un deuxième magasin Lettertrap en janvier 2016 a obligé Joël à embaucher du personnel pour la première fois, ce qui a représenté un coût important. En outre, la recherche de personnel adéquat s'est avérée plus difficile que prévu. Tout le monde n'est pas forcément fiable, comme Joël a pu en faire l'expérience. "Les premiers mois à Sint-Joris-Winge ont vraiment été difficiles. Il y a eu des moments où j'aurais préféré ne jamais avoir ouvert un deuxième magasin", poursuit-il.

Travail à domicile

Joël revient toutefois courageusement sur cette période difficile en soulignant non sans fierté que tout cela appartient désormais au passé. "Aujourd'hui, j'emploie six personnes à temps plein et en octobre 2018, j'ai même ouvert un troisième magasin Lettertrap à Bornem. Les affaires se portent bien." Joël se retrouve rarement derrière le comptoir dans ses magasins. Il est bien trop occupé à gérer les trois branches. "Je travaille presque tout le temps à la maison, de la gestion de la caisse centrale aux commandes et à la communication avec les fournisseurs", explique Joël. Cependant, afin de maintenir le contact avec le client et les employés, il se rend dans un de ses magasins presque tous les jours. "Ce sont mes bébés, j'ai besoin d'aller les voir", dit-il.

 

DIVERSIFIER SES ACTIVITES

“Les clients reviennent pour la boulangerie"

Les magasins de Wezemaal et de Sint-Joris-Winge proposent un rayon boulangerie, ce qui représente pas mal de défis. "La boulangerie en produits chauds est un effort de taille pour mon personnel en plus des autres tâches, et c'est très difficile de bien estimer les ventes au quotidien. Trop de produits finissent encore à la poubelle. C'est un point sur lequel il faudra plancher à l'avenir. Mais je remarque quand même que les clients reviennent spécialement pour nos produits de boulangerie. Cela nous aide vraiment à tenir." De plus, deux des enseignes Lettertrap disposent également d'une installation de nettoyage à sec et d'un service de cordonnerie et de couture. "Les professionnels auxquels j'ai fait appel pour ce travail font un excellent travail. La combinaison ne semble pas logique à première vue, mais ça marche."

Le terme 'librairie' est dépassé

De plus en plus de librairies sont obligées de mettre la clé sous la porte et, en tant que chef d'entreprise, il faut constamment trouver de nouvelles idées pour faire tourner un magasin. Cela fait longtemps qu'on ne parle plus de 'librairie' pour désigner les magasins Lettertrap. "C'est un mot complètement dépassé, selon moi. On devrait tous trouver un nouveau mot pour ce type de commerce. Quand je dis aux gens que je dirige trois librairies, on me demande souvent si j'arrive à vivre grâce à cela. La profession est considérée à tort comme éteinte, et je veux mettre fin à ce malentendu", explique Joël. Avec son service boulangeries dans deux de ses magasins, Joël voit un afflux de nouveaux clients. "J'envisage même d'engager un employé de plus par magasin."

Oser prendre des risques

"Le métier de libraire se limite encore trop à proposer les trois piliers connus: la presse, le tabac et les jeux de loterie", explique Joël. Il est convaincu qu'en 2019, il faut aller bien au-delà. "Pour atteindre chaque client, en tant que chef d'entreprise, vous devez oser diversifier l'offre et continuer à chercher de nouvelles opportunités qui peuvent se traduire par des bénéfices. Récemment, j'ai commencé à vendre de la pâtisserie à Wezemaal, et je remarque que mon chiffre d'affaires a considérablement augmenté en conséquence. Il faut oser prendre des risques, et si ça ne fonctionne pas, on passe à autre chose. Si ça marche, tant mieux."

RESEAUX SOCIAUX

Incontournables

Joël évolue avec son temps et attache une grande importance à l'image numérique de Lettertrap. Il passe beaucoup de temps à mettre à jour son site Web, qu'il a entièrement renouvelé récemment. "Chaque semaine, je reçois un courriel qui indique combien de personnes ont visité le site web. Parfois, ça ne sert pas à grand chose parce qu'il s'agit souvent un grand nombre de personnes. Nous devons bien comprendre qu'il est vraiment très facile pour les consommateurs modernes de trouver votre entreprise via l'internet. C'est pourquoi il est essentiel que mon site web présente bien et soit tout le temps mis à jour."

Responsable facebook

Les magasins Lettertrap sont aussi actifs sur Facebook. "Un magasin sans Facebook, c'est comme un café sans bière", rit Joël. Chaque magasin Lettertrap dispose d'un gestionnaire Facebook, qui se charge de publications amusantes et utiles régulières sur la page. "Le client apprécie cela, et il suffit de quelques minutes pour préparer une publication."

AVENIR

Rélocalisation

Le déménagement du deuxième magasin Lettertrap à Sint-Joris-Winge en 2017 a été l'un des choix les plus risqués de la carrière de Joël. "Après un an et demi dans le vieil immeuble que je louais, j'ai eu envie de partir. Le bâtiment ne correspondait pas à ma vision moderne de ce que devrait être une librairie. J'avais trouvé un nouvel immeuble que je voulais acheter, à 500 mètres. En même temps, j'ai réalisé que je perdrais beaucoup de clients si je 'déménageais' mon magasin. Pour les gens du village, c'était l'endroit où se trouvait la librairie depuis plus de trente ans, ce n'était donc pas très bien vu." Mais Joël a finalement pris le risque, car il savait ce vers quoi il voulait aller. Le nouveau Lettertrap à Sint-Joris-Winge a rencontré un énorme succès. Le seul problème, c'est que le magasin devient trop petit, victime de son succès.

De 79 m² à 240 m²

Joël avait anticipé ce point et acheté il y a quelques mois un terrain à bâtir situé à 100 mètres du magasin actuel. "Le nouveau bâtiment s'étendra sur 240 m². Par rapport au magasin actuel de 79 m², c'est immense", déclare Joël avec fierté. "Nous mettons donc la barre encore plus haut. Nous passons d'un petit rayon boulangerie à l'avant de la boutique à une boulangerie à part entière. A droite, vous trouverez les journaux et à gauche la boulangerie, pour ainsi dire. En fait, la boulangerie du village a fait faillite il y a quelques semaines, c'est ce qui nous a poussé à faire ce choix. En tant qu'entrepreneur, c'est justement à cela qu'il faut oser réagir. Et puis, il est temps de réfléchir à la façon dont nous allons remplir concrètement la boutique. Dans tous les cas, l'accent sera mis sur les accessoires et gadgets, les cartes de vœux et les articles cadeaux."

Optimisme

L'établissement est situé au 'carrefour d'or', comme on l'appelle, où l'on retrouve les grandes chaînes de magasins du village. "La concurrence est de taille, mais j'ai bon espoir. Dans les librairies, les clients peuvent compter sur une expérience d'achat personnelle. Le client est toujours aidé par un visage familier, alors que dans les chaînes, il y a souvent plusieurs personnes à la caisse, ce qui crée une plus grande distance entre le client et le vendeur." Le nouveau Lettertrap de Sint-Joris-Winge devrait normalement ouvrir ses portes au printemps 2021.